À l’Université de Toulouse, Emmanuelle Dollié a soutenu la première thèse française consacrée à Karl May, intitulée Voies de la réception de Karl May (1842-1912) en France. Elle constitue la première recherche doctorale française entièrement dédiée à l’auteur, mondialement connu pour ses récits d’aventures mettant en scène Winnetou, Old Shatterhand et Kara ben Nemsi.
L’étude explore la manière dont l’œuvre de Karl May a été traduite, diffusée et perçue en France, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Elle met en lumière les chemins multiples – éditoriaux, culturels et critiques – par lesquels ses romans ont traversé le Rhin, mais aussi les obstacles et les filtres qui ont modelé leur réception auprès du public français.
Avec cette thèse pionnière, Emmanuelle Dollié apporte une contribution essentielle à la connaissance de Karl May dans l’espace francophone et ouvre la voie à de nouvelles recherches sur les échanges littéraires entre la France et l’Allemagne.
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Karl May a été au centre de mon parcours universitaire ; il m’a accompagnée depuis la licence en études germaniques, et j’ai fini par devenir l’auteur de la première thèse française sur le rêveur saxon. Cet aboutissement n’était pas une évidence ; normalement, j’aurais dû ne jamais entendre parler de cet auteur, et passer à côté.
Je faisais de l’allemand depuis le collège, mais je n’avais jamais entendu parler de Karl May, qui est pourtant l’auteur le plus lu de tous les temps en Allemagne. Ce n’est qu’au cours de ma deuxième année de licence que j’ai trouvé par hasard un documentaire sur Karl May, sur une chaîne de télévision allemande. Immédiatement, l’auteur m’a fascinée : il a prétendu avoir voyagé dans tous les coins du monde, et ce, de manière si convaincante qu’il a trompé les experts pendant des décennies. Et les images des films des années 1960… belles, simples, idéales. J’ai décidé de commencer à lire Karl May.
Quand on commence à lire Karl May (en allemand ; les traductions ne produisent pas le même effet), on ne peut plus le quitter. Quelques années plus tard, au moment de choisir mon sujet de mémoire de master, il était évident que ce serait sur Karl May. Dans mon entourage français, personne ne le connaissait alors, y compris plusieurs germanistes. C’était cohérent avec mes observations : tout au long de mon cursus universitaire, l’auteur n’avait pas été mentionné une seule fois. On ne fait étudier que les auteurs dits de « haute littérature ».
Quand on pense qu’il a vendu 200 millions d’exemplaires, qu’il y a, actuellement, des dizaines de scènes en plein air qui donnent des spectacles, et qu’absolument tout le monde le connaît en Allemagne, on ne peut que s’étonner d’un tel décalage culturel entre la France et l’Allemagne. À la fin du mémoire de master, j’ai compris que le sujet méritait d’être davantage fouillé. J’ai décidé d’écrire la première thèse française sur Karl May.
Peu avant de commencer mon doctorat, j’ai fait part de mon projet à l’une de mes professeures, à la fin d’un partiel de traductologie. Je lui ai expliqué que Karl May était totalement inconnu en France, que c’était un phénomène étrange, et que je voudrais chercher pourquoi. D’origine allemande, l’enseignante ne me crut pas. Elle pensait que je me trompais lourdement et que mon sujet de doctorat serait une fausse piste, car, selon elle, bien sûr que tout le monde connaissait Karl May. Comme j’insistais pour défendre mon point de vue, elle procéda alors à un sondage dans la salle de classe, où tous les étudiants en master études germaniques étaient encore présents. Elle demanda à ceux qui connaissaient Karl May de lever la main. Seules deux ou trois Allemandes levèrent la main… aucun étudiant français, qui avait pourtant fait de l’allemand à l’université depuis 5 ans, ne connaissait l’auteur. L’enseignante, extrêmement surprise, fut alors conquise par l’idée de recherche et reconnut qu’il y avait là un problème jamais soulevé.
C’est ainsi que, tout naturellement, ma thèse s’est intéressée à la question de la réception de Karl May en France. Je pense que les Français gagneraient à le connaître davantage, car, c’est, au fond, un grand auteur. Il n’a, certes, pas de prétention littéraire, mais l’engouement populaire n’est-il pas également une consécration ?
Emmanuelle Dollié
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Emmanuelle Dollié (2021), Karl May in Frankreich (1): Rezeption und Übersetzungen, Mitteilungen der Karl-May-Gesellschaft (M-KMG), n. 210, pp. 15-27.
Emmanuelle Dollié (2022), Karl May in Frankreich (2): Rezeption und Übersetzungen, Mitteilungen der Karl-May-Gesellschaft (M-KMG), n. 211, pp. 17-26.
Emmanuelle Dollié (2022), Die deutsch-französischen Ehen in der Liebe des Ulanen: nationalistische Propaganda oder Friedensbotschaft? Ein Blick aus Frankreich, Mitteilungen der Karl-May-Gesellschaft (M-KMG), n° 213, pp. 47-50.
Emmanuelle Dollié (2024), Voies de la réception de Karl May(1842-1912) en France, Doctorat en Études germaniques, spécialité civilisation, Université de Toulouse Jean Jaurès.
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