Karl Friedrich May
La vie est un combat, la mort en est la victoire. Je vis pour combattre et je meurs pour vaincre (Karl May).
- Biographie
- Autour de Karl May
- Lettre à un lecteur
Biographie de Karl May
Karl Friedrich May (né à Hohenstein-Ernstthal le 25 février 1842 et mort à Radebeul le 30 mars 1912) était l'un des écrivains allemands les plus vendus au monde, notamment pour ses romans d'aventures au Far West dont les deux héros sont le blanc Old Shatterhand et le chef apache Winnetou.
Il écrivit aussi des romans d'aventures se déroulant au Proche-Orient, dont le héros Kara Ben Nemsi est accompagné par Hajj Halef Omar, ainsi que des histoires comme Surcouf le corsaire, ou moins connues situées dans son Allemagne natale, des poésies, une autobiographie et un jeu. Il a aussi composé deux célèbres chants romantiques allemands « Ne m'oublie pas » et une version du « Je vous salue Marie ».
Auteur prolifique, il savait inventer des histoires pleines d'imprévu mais également bourrées de données géographiques, ethnographiques voire anthropologiques pour le plaisir de ses lecteurs.
La vie de Karl May appartient à la légende : né en 1842 dans une famille pauvre de neuf enfants dont quatre sont morts en bas âge, de parents tisserands, il est aveugle jusqu'à l'âge de 5 ans. Fort intelligent, ses parents se sacrifient pour lui permettre de mener à bien ses études d'enseignant. Mais à peine sa licence obtenue, Karl May vole la montre de son camarade de chambre, et perd tout droit d'enseigner. La suite de son existence est une lente dérive : il multiplie les fraudes et les impostures (il s'est, entre autre, fait passer pour un policier allemand pour confisquer de la prétendue fausse monnaie) et se retrouve en prison. C'est là qu'il découvre Fenimore Cooper, s'en inspire, et décide d'écrire à son tour. Il s'est également inspiré de l'auteur français Emile de Wogan dont les récits de voyage sont publiés dans la revue française Le Tour du monde.
Ancien officier Spahis puis de la Garde nationale pendant la révolution de 1848, il s'embarqua en 1850 avec 3 associés pour la Ruée vers l'or en Californie via l'isthme de Panama et rejoignit San Francisco. À son retour, il devient directeur du Central Télégraphique de Saint-Sever dans les Landes. Il est nommé ensuite directeur du bureau des Postes et Télégraphes, quartier Saint-Lambert à Paris, jusqu'à sa retraite en 1881.
Ses récits de voyage sont publiés dans diverses revues, dont Le Tour du monde avec de belles illustrations. Aux prises avec des Apaches, il doit son salut à un chef indien. Karl May s'inspire de ses aventures indiennes pour ses propres récits à travers « Malerische Länder - und Völkerkunde » de dr. W. F. A. Zimmermann. Ouvrage dans lequel il décrit comment un baron du nom de Wogan qui avait tiré sur un indien devait mourir au poteau de torture. Toutefois, selon Zimmermann le baron put prouver qu'il avait agi en état de légitime défense. D'autre part il avait sauvé une femme de la tribu et ses deux enfants des griffes d'un grizzly. Pour cela les Uthas lui rendirent la liberté. Mais en aucun cas on ne trouve dans ces récits le nom de « Winnetou » qui a bien été inventé par Karl May et non par Emile de Wogan.
Le site « Un Monde d'aventures » donne des informations plus précises sur Emile de Wogan.
Pour lire le récit des « Voyages et aventures du baron de Wogan en Californie » cliquez ici
Une oeuvre importante
Sorti de prison, il commence à écrire en 1874, et connaît un succès retentissant avec le premier tome de Winnetou, qui en comprendra trois. Par la suite, il publie de très nombreux romans : une trentaine de récits qui se déroulent dans l'ouest américain (dont une quinzaine est centrée sur le couple de Winnetou et Old Shatterhand) et autant de récits se déroulant au Moyen Orient (dont les héros sont le couple, parallèle de Winnetou et Old Shatterhand, Hadji Alef Omar et de Kara Ben Nemsi). Très vite, il devient une sorte d'institution en Allemagne, visité par les princes et multipliant les conférences. En 1896, il s'installe à Radebeul dans la « villa Shatterhand », somptueusement meublée de prétendus souvenirs de voyages. Car sans être jamais allé en Amérique (il visita l'Amérique du Nord seulement en 1908, n'allant pas plus loin que la ville de Buffalo, dans l'État de New-York), ni dans la plupart des pays qu'il décrit dans ses œuvres (un voyage en Orient en 1899), il prétendra tirer le sujet de ses récits d'expériences personnelles. Ses mensonges sont éventés et son image, un peu ternie à la fin de sa vie, sans que son succès soit pour autant démenti. Il est possible qu'il ait été un menteur compulsif.
L'Amérique qu'il décrit dans ses romans est une Amérique bien germanique (on sert de la bière allemande dans les saloons), aux accents romantiques, que Karl May dépeint comme un paradis perdu livré aux mains de Yankees moralement corrompus, avides d'or et de terres, face auxquels les deux héros n'ont plus qu'à opposer leur version humaniste, conservatrice et chrétienne du monde.
Dans ses aventures il entraîne le lecteur à travers l'ouest américain sur la piste des tribus en guerre, des bandits de grands chemins, des chercheurs d'or, des trappeurs, des bâtisseurs de chemin de fer... Karl May manie habilement les grands sentiments, l'amitié qui unie les héros, le pardon, la compassion, le christianisme, les batailles et surtout le grand souffle de l'aventure.
May a réuni dans ces volumes tous les ingrédients de l'aventure en y ajoutant sa grande humanité.
Méconnu en France où il n'est plus édité que sporadiquement, Karl May est en revanche l'auteur le plus lu et le plus vendu en Allemagne, loin devant Goethe. Son succès européen est comparable à celui de Jules Vernes. Ses œuvres ont été traduites dans plus de 40 langues et les Festivals Karl May attirent toujours un public nombreux.
Ce qui est moins connu, c’est que May s’est engagé dans ses écrits pour la paix des peuples. A travers ces citations on peut voir combien Karl May est pacifiste et chrétien: « Qu’on n’appelle pas l’Indien un sauvage. Il est créé à l’image de Dieu comme le blanc qui se croit infiniment plus haut. », « Tous les hommes, les blancs et les noirs, sont les enfants de Dieu. » ou encore « Le grand esprit ne tient pas compte des différentes couleurs de peau des hommes (...) mais il regarde leur coeur. »
Pour aller plus loin :
Pour aller plus loin dans l'étude de la psychologie et la personnalité complexe de Karl May Winnetou.fr vous recommande la lecture de l'excellent numéro 63 de « Le Rocambole » qui rend hommage à cet écrivain, parmi les plus imaginatifs et les plus populaires, qui sait mieux que personne mêler l'imaginaire au réel.
Sous le titre « L'aventure selon Karl May » les auteurs nous font découvrir toutes les facettes du talent et de l'oeuvre de Karl May.
Il est à noter que cette publication est en français.
Karl May en France : une réception manquée ?
La revue Strenæ publiée par l’Association Française de Recherches sur les Livres et Objets Culturels de l’Enfance réunie des chercheurs de toutes disciplines, elle vise à faire connaître et dynamiser les travaux français sur la littérature et l’édition pour la jeunesse.
Dans son dernier numéro en ligne (9 | 2015) la revue Strenæ publie d'excellents articles sur Karl May et Winnetou en français.
Karl May en France: une réception manquée ?
Sauf mention particulière les photos proviennent du site : http://www.karl-may-gesellschaft.de
Retour aux ongletsAnnecdotes et notes de lecture
Quelques illustrateur des livres de Karl May :
Sascha Schneider (à droite sur la photo), né Rudolph Karl Alexander Schneider le 21 septembre 1870 à Saint-Pétersbourg et mort le 18 août 1927 à Swinemünde, est un peintre, sculpteur et illustrateur allemand, connu surtout comme illustrateur des livres de Karl May pour la jeunesse.
Josef Ulrich, peintre et illustrateur est né le 28 février 1857 à Raudnitz/Böhmen et décédé en 1930 à Raudnitz. Il a travaillé pour de nombreux périodiques puis il a illustré à partir de 1898 l'édition tchèque des romans de Karl May (Verlags Josef Vilímek) avec plus de 800 images exécutées par le procédé autotype.
Il a illustré par exemple « les cavaliers rouges » et la trilogie « Old Surehand » dont est tiré l'image.
Grégoire Zbroszczyk est né en 1941 à Mogilno en Pologne. En 1967 il arrive en France pour s'installer définitivement à Paris où il obtient, en 1972, le diplôme d'Architecte d'Intérieur à l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. En 1977 il quitte son métier d'architecte pour se consacrer uniquement à la peinture et à l'illustration. Ses premières illustrations paraissent chez Flammarion. Il a illustré par exemple « Winnetou, l'homme de la prairie » dont est tiré l'image, « Le trésor des montagnes rocheuses », « La Trahison des Comanches » et « Dans la forteresse des trappeurs ». À part l'illustration (il a illustré plus de 40 livres) il pratique la peinture, le dessin et les arts graphiques.
Annecdotes :
Dans le but de développer et de consolider la légende d’Old Shatterhand, personnage auquel il s’identifie, Karl May voulait posséder les armes décrites dans ses romans de voyage afin qu’il puisse les exhiber à son entourage. Il en acheta quelques unes ou se les fit confectionner comme par exemple le lourd « tueur d'ours » (Bärentöter) en 1896, et « la carabine Henry » (Henrystutzen) qu'il fit venir des Etats-Unis en 1902. L'arme de winnetou, le « fusil d'argent » (Silberbüchse), a été réalisée dans le même but. En raison de ses condamnations Karl May n'avait pas le droit de disposer de munitions.
Karl may dans une correspondance à un lecteur en date du 2 décembre 1894 donne des informations complémentaires à ce sujet (traduction Webmaster) :
- « Le tueur d'ours est un fusil à double canon avec chargement par l'avant d'un calibre de 2 loth (environ 18 mm). Il a une portée utile de 1800 mètres et pèse 20 livres anciennes (soit presque 10 kilogrammes); il faut donc un homme très fort pour l'utiliser. Il a été confectionné par une manufacture d'armes réputée M. Flirr de San Francisco. C'est le seul fusil de ce type ».
- « Le canon de la carabine Henry ne s'échauffe jamais ce qui est tout simplement son plus grand atout. Il a une portée utile de 1500 mètres. Les cartouches se trouvent dans un magasin rotatif excentrique. Henry, de son temps, n'en avait fabriqué que 12 exemplaires; 11 ont disparus; le mien est le seul exemplaire restant ».
Note de lecture :
Le fusil d'argent de Winnetou :
Dans le roman - Le secret d'Old Surehand (Old Surehand II - Volume 15) - il nous raconte à travers Old Shatterhand, alias Karl May, comment il est entré en possession du fusil d'argent de Winnetou :
(...) J'aime mes armes et je considère aujourd'hui encore ma carabine Henry et mon Tueur d'Ours comme les plus précieux de mes biens. Le fusil d'argent de Winnetou les surpassait encore. De son vivant, je ne l'ai jamais vu ni touché sans éprouver un sentiment de vénération. Quand il fut tué, bien plus tard, on l'enterra à cheval avec toutes ses armes, y compris le fusil d'argent. Quelques années après, alors qu'avec mes compagnons je poursuivais un groupe d'Indiens Ogelallah, les Sioux voulurent ouvrir sa tombe et la piller. Nous les repoussâmes après un dur combat. Comme je ne pouvais pas rester sur place et que je prévoyais que la tentative serait renouvelée, je tirai le fusil d'argent de la tombe et m'arrangeai pour le faire savoir. En apprenant que l'arme avait été enlevée, les Sioux renoncèrent à violer la sépulture. Ce fusil est aujourd'hui accroché près de mon bureau entre le vieux « Gun » de Sam Hawkens et mon Tueur d'Ours. (...)
La carabine Henry :
Dans le roman - Winnetou, l'homme de la prairie (Winnetou I - Volume 7) - il nous présente ce qui deviendra la future carabine Henry d'Old Shatterhand.
(...) Il regarda un moment dans les trous, tourna la pièce dans tous les sens, l'appliqua à l'extrémité arrière du canon, et dit enfin:
- Oui, c'est un secret. Mais j'ai confiance en vous parce que je vous crois discret, bien que vous ne soyez qu'un affreux greenhorn. Aussi vous dirai-je ce que je compte en faire. Ce sera une carabine à répétition avec un magasin à vingt-cinq cartouches.
- Pas possible !
- Motus! Me prenez-vous pour un imbécile qui s'attaque à l'impossible ?
- Alors, votre magasin devra posséder suffisamment de chambres pour recevoir les cartouches.
- Cela va de soi.
- Mais le magasin sera énorme, lourd, et l'arme impossible à manier.
- Pas du tout, parce qu'il n'y aura qu'une chambre. L'arme ne sera ni lourde, ni encombrante. Voici d'ailleurs cette chambre, dit-il en désignant le morceau de fer.
- Hum! Il faut croire que je ne comprends rien à votre métier. Et qu'adviendra-t-il quand le canon sera échauffé ?
- Il ne le sera pas. La matière de ce canon et sa fabrication sont mon secret. Ce morceau de fer suivra un mouvement excentrique. Les vingt cinq orifices qu'il comprendra recevront autant de balles. A chaque décharge, la plaque s'avance et la cartouche suivante vient se placer en face du canon. Ça fait bien longtemps que cette idée me travaille. D'abord, ça ne marchait pas, mais maintenant, il me semble que ça colle. Je passe déjà pour un assez bon armurier, mais quand j'aurai mis au point ce petit truc, je serai célèbre et j'aurai beaucoup d'argent. (...)
Vrai ou faux ?
Lors d'entretiens avec la presse ou avec ses admirateurs en 1894, Karl May affirme parler et écrire les langues suivantes: français, anglais, italien, espagnol, grec, latin, hébreu, roumain, arabe et 6 dialectes, persan, kurdes et 2 dialectes, chinois et 2 dialectes, malais, namaqua, certains idiomes Sundanais, swahili, Hindustani, turc et les langues indiennes des Sioux, Apache, Comanche, Shoshone, Uthas, Kiowas en plus du Ketschumany trois dialectes d'Amérique du Sud. Sans compter le lapon.
Il explique cette immense connaissance des langues par une ardeur sans égal au travail.
Lettre à un lecteur inconnu en date du 09.12.1892
Par cette lettre Karl May nous donne une indication importante car il affirme être Old Shatterhand et qu'il a donc bien été dans l'ensemble des Etats-Unis ce qui par la suite s'est avéré inexacte car s'il y a bien été il n'a pas dépassé l'État de New-York en 1908.
Oberlössnitz, resden d. 9/12.92 |
Oberlössnitz, Dresde le. 9/12.92 |
---|
Source : Magazin für Abenteuer, Reise und Unterhaltungsliteratur H.14, 2. Quartal 1977, S.40.Retour aux onglets