La Yougoslavie à du soleil mais pas de devises ... Tito décide d'ouvrir le pays au tourisme.
En proclamant une politique de frontière ouverte le tourisme est devenu une composante importante de l'ensemble des activités internationales de la Yougoslavie. Ainsi en 1963, 1,7 million de touristes, dont presque 440 000 Allemands, 38 000 Polonais, 65 000 touristes tchécoslovaques et une partie de l’élite de la DDR ont séjourné dans le pays. Beaucoup viennent des pays de l’Ouest mais peu du bloc de l’Est. En effet, les autorités de ces pays ont toujours fait preuve de suspicion vis-à-vis du tourisme de leurs citoyens. Ils y voyaient une façon facile d’émigrer à l’Ouest. C’est en ce sens que le tourisme était contrôlé. Il n’était pas rare de trouver parmi les participants à des voyages organisés une ou deux personnes qui faisaient partie de la police politique.
Mais malgré cela, le nombre total des touristes étrangers en Yougoslavie, lui, ne cesse, de croître. Il franchit le cap du million en 1961 pour atteindre 5,2 millions en 1971. L’année 1973 connaît un bond avec 6,1 millions. Le cap des 6 millions est atteint puis dépassé durant les années 1980 avec, par exemple, l’année record de 1988 : 9 millions de visiteurs étrangers.
L’ouverture de la Yougoslavie au tourisme international se motive par un certain pragmatisme et s’inscrit dans une conjoncture particulière (aide économique américaine et occidentale, Pacte balkanique de 1954 avec la Grèce et la Turquie). Mais elle travaille aussi à singulariser la Yougoslavie. À la suite du schisme de 1948, refusant l’isolationnisme, le pays cherche un difficile et paradoxal équilibre entre les blocs. Il se redéfinit en adoptant l’autogestion, en cherchant une voie originale et en se voulant un « modèle » d’État socialiste. La Yougoslavie de Tito ne pouvait rester isolée, le développement touristique représentait la modernité et la porte sur le monde. Ses frontières perméables au tourisme international le démontrent.
Le pays, du moins au point de vue touristique, n’était pas perçu comme un bloc, loin s’en faut. De l’industrie touristique, la côte dalmate constituait le poumon. Ainsi, le littoral incarnait la Yougoslavie comme la tour Eiffel ou la côte d’Azur, la France. La Yougoslavie était perçue par beaucoup comme un pays méditerranéen. D’ailleurs, près de 70% des cartes postales représentent des paysages ou des villes du littoral, Dubrovnik arrivant très largement en tête.
Dans les années 60, peu de touristes se rendent en Bosnie-Herzgovine ou Monténégro ni d’ailleurs dans leur capitale Sarajevo ou Titograd (Podgorica depuis le 2 avril 1992). Le tourisme se fait surtout sur la côte. Mais en s’éloignant dans l’arrière-pays, on peut aussi découvrir de nombreux sites fascinants qui sont d’ailleurs se confondent souvent avec les lieux de tournage des films de Winnetou.
Il y était encore possible de voir un folklore vivant et même de retrouver les anciennes racines slaves qui étaient toujours vivantes en Yougoslavie. Le touriste pouvait découvrir toute une culture datant souvent d’un autre âge. Les guides touristiques de l'époque recommandent à ceux qui circulent dans l'arrière pays de faire régulièrement le plein dans les grandes villes.
En Serbie, les monastères moyenâgeux, en Bosnie l'atmosphère de l’Orient et au Kosovo le mode de vie des Albanais. Sur la côte et les îles de nombreux témoignages du gothique vénitien, de la renaissance italienne et du baroque sont encore visibles. En Slovénie mais aussi en Croatie, les villes, les châteaux et les palais rappellent que Vienne était à l’époque plus proche que les Balkans.
En 1963, au moment du tournage des films de Winnetou, le séjour en Yougoslavie est bon marché même si certains visiteurs se plaignent de l'augmentation des prix. Un devise de l'époque affirmait : « c'est ici que le mark à le plus de valeur ». Un repas complet avec le vin coûtait 5 marks (2,56 euros) et le litre d'essence 50 pfennigs (0,26 euros). Un séjour de 7 jours en Istrie revenait à 144 marks (73,63 euros) avec une chambre privée, la pension complète et le trajet aller-retour en train à partir de Munich. La semaine supplémentaire coûtait 43 marks soit 22 euros. Pour 14 jours à Dubrovnik avec une chambre en hôtel, la pension complète et le trajet aller-retour en avion à partir de Frankfurt il fallait compter 343 marks soit environ 175 euros ... C'est une des raisons qui rendait la Yougoslavie si attractive pour les familles.
Le Dinar yougoslave (YUM) était l'unité monétaire principale de la Yougoslavie de 1920 à 2003. Le Dinar était divisé en 100 paras. A la fin de la seconde guerre mondiale, les nouvelles autorités effectuèrent une réforme du dinar. Les anciens billets furent remplacés par une série de billets de la république démocratique fédérale Yougoslave, imprimés à Moscou. Le dinar demeura l'unité monétaire du nouvel état. Dans la période comprise entre 1945 et 1992 douze séries de billets de banque furent publiés. Pendant la période d'hyper-inflation (1993), la république fédérale de Yougoslavie imprima une série de billets avec d'énormes valeurs nominales (5.000.000.000, 50.000.000.000 et 500.000.000.000 dinars), actuellement record au monde. http://www.monnaiesdumonde.net/produits/produits.php?id_produit=490#
C'est le début du tourisme de masse en Yougoslavie. Peu à peu les infrastructures touristiques sortent du sol, mais heureusement sans dégrader le paysage par un « bétonnage » sauvage et incontrôlé des côte comme cela c'est malheureusement passé en France, en Italie et en Espagne.
D'année en année le réseau routier se développe et s'améliore considérablement.
En 1964 la route « Jadranska Magistrala » va jusqu’à Makarska, la route vers Dubrovnik est encore en construction… elle sera mise en service deux ans plus tard. Le réseau routier se développait d'année en année. Les routes empierrés sont remplacée progressivement par tronçons asphaltés beaucoup plus praticables.
Mais avec la mort de Tito en 1980 débuta le démantèlement de la Yougoslavie. En réalité la Yougoslavie n'a jamais été une nation. Du moins pas au sens où on l'entend habituellement, c'est à dire une communauté humaine d'individus ayant la conscience d'appartenir à un même groupe. Jamais un Slovène n'a eu la conscience d'appartenir à la même nation qu'un Serbe, par exemple, et jamais un Macédonien ne vous dira qu'il est compatriote d'un Croate. On peut se sentir français, anglais, italien, mais personne ou presque ne s'est jamais senti yougoslave. En effet, dans un état composé de plusieurs peuples, qui n'est pas maintenu par une communauté du sang, mais par une poigne forte toute faiblesse de l'autorité ne produira pas dans un tel État un engourdissement, mais elle sera au contraire l'occasion d'un réveil de tous les instincts particularistes qui préexistent en chaque peuple, et qui n'ont pu se manifester aux époques où une volonté dominait. Ce fut le cas de la Yougoslavie qui plongea malheureusement dans la guerre.
On peut affirmer aujourd’hui que c'est le tourisme qui a fourni la plus grande contribution au développement des régions yougoslaves autrefois insuffisamment développées. Certaines régions ont vu ainsi une véritable floraison économique. Ainsi le tourisme représente, dans les courants actuels de l'économie yougoslave, un des facteurs importants de stabilisation. Au fond, la Yougoslavie voudrait, dans son futur développement, accroître de plus en plus son offre touristique, en l'adaptant aux besoins contemporains des visiteurs afin de consolider sa position sur le marché touristique international. En même temps, ce serait une contribution à la connaissance et au rapprochement des peuples du monde.
Le Dinar yougoslave (YUM) était l'unité monétaire principale de la Yougoslavie de 1920 à 2003. Le Dinar était divisé en 100 paras. A la fin de la seconde guerre mondiale, les nouvelles autorités effectuèrent une réforme du dinar. Les anciens billets furent remplacés par une série de billets de la république démocratique fédérale Yougoslave, imprimés à Moscou. Dans la période comprise entre 1945 et 1992 douze séries de billets de banque furent publiés. Pendant la période d'hyper-inflation (1993), la république fédérale de Yougoslavie imprima une série de billets avec d'énormes valeurs nominales (5.000.000.000, 50.000.000.000 et 500.000.000.000 dinars), actuellement record du monde.
L’étude s’intéresse à la manière dont le patrimoine yougoslave s’est transformé en objet de consommation à travers les guides touristiques.
Référence : Igor Tchoukarine , « Un espace offert au tourisme : représentations de la Yougoslavie dans les guides touristiques imprimés français et yougoslaves au Xxe siècle », Études balkaniques, mis en ligne le 07 avril 2009 : http://etudesbalkaniques.revues.org/120